En se basant sur les chiffres du dernier trimestre de 2023, on peut situer la dette publique de la France autour de 3101,2 milliards d’euros, ce qui représente 110,6 % du PIB. Sachant que l'État, en tant que tel, y pèse à plus de 80 %, ces chiffres confirment ce que l'on sait depuis longtemps : l'État est trop présent dans l'économie. Comme le déni peut avoir des limites, Bruno Le Maire et consorts se sont vus obligés, en mars 2024, de reconnaître la nécessité d'opérer des coupes budgétaires. Mais, à l'instar de la tiédeur du pouvoir macronien et républicain en général (sauf quand il s'agit d'importuner la population avec des restrictions d'ordre sanitaire ou des politiques vaccinales), on voit aussi qu'ils sont loin du compte quand ils se fixent des objectifs en dizaines de milliards d'euros d'économies à réaliser à l'horizon de 2025.

Ainsi que le rappelle à juste titre la famille Gave, un État ne devrait pas avoir le droit d'emprunter. Aujourd'hui, la situation est à un point tel que les entreprises qui produisent en France ne travaillent, via la fiscalité de notre pays (la plus lourde du monde), que pour rembourser la dette publique. Autrement dit, l'économie actuelle de la France ne permet pas aux entreprises, dans l'ensemble, d'investir dans leur activité propre, ce qui explique pourquoi nous sommes en difficulté, avec pour corolaire une baisse de notre niveau de vie. La position d'Objectif Nation étant de défendre, au sein du nationalisme, une ligne nationale-capitaliste, on comprend le sens que je veux donner à l'adaptation du principe business first dans le contexte nationaliste français : celui d'une réappropriation des affaires françaises par les Français.

Or, la réappropriation implique la responsabilisation. La question que je pose depuis toujours, en accord sur ce point avec un libéralisme conservateur, est la suivante : un peuple est-il prêt, pour payer moins d'impôts, à renoncer au chômage, aux retraites, au remboursement des dépenses de santé ainsi qu'à toute allocation, et à vivre dans un État limité à son armée, à sa police et à sa justice ? Sachant que cet État fort, qui serait non pas une république mais un État-nation (et je tiens à établir une distinction notionnelle fondamentale entre ces deux termes, la république étant un mode d'administration politique susceptible de servir des intérêts étrangers, tandis que l'État-nation travaille pour son propre peuple), cet État fort, donc, aurait les moyens de fermer les frontières, il règlerait le problème du coût de l'immigration.

D'ailleurs, en parlant du coût de l'immigration, une autre question qu'il faut se poser consiste à se demander si les carences démographiques, supposées ou avérées, des pays européens, ne sont pas, au fond, une manière de ne pas nommer les excès démographiques de l'Afrique, ce au nom du politiquement correct. En somme, ce n'est peut-être pas nous qui n'en faisons pas assez, mais d'autres qui en font trop. Les critiques du malthusianisme se basent sur l'exemple de l'Inde pour montrer le lien de cause à effet entre croissance démographique et croissance économique. Le problème est que ce type d'exemple ne s'applique pas à l'Afrique, du moins pas à l'heure de ces lignes. Empêchés par autrui ou par eux-mêmes, les Africains n'ont pas encore su tirer profit de leur jeunesse.

Pourtant, selon Africa Radio, le Groupe de la Banque africaine de développement annonçait, en février 2024, que le Niger, le Sénégal, la Libye, le Rwanda, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Bénin, Djibouti, la Tanzanie, le Togo et l’Ouganda figureraient parmi les vingt pays du monde ayant la plus forte croissance économique, avec des chiffres allant de 6 % à 11,2 %. Cependant, quels sont les principaux pays d'où viennent les Africains qui veulent s'établir en France ? D'après Statista, outre le Maroc, la Tunisie et l'Algérie, il s'agit du Mali, du Congo, de la République démocratique du Congo et de Madagascar, soit de pays qui ne figurent pas dans la liste précédente. De plus, on retrouve la République démocratique du Congo dans la liste des pays dont la croissance démographique est la plus forte au monde.

Cet aperçu tend déjà à prouver que, contrairement à ce qui se passe en Inde, la croissance démographique des pays africains concernés, dans l'ensemble, n'a pas forcément un impact bénéfique sur leur croissance économique (sauf concernant le Niger), d'où une immigration massive qui, en définitive, ne s'opère ni dans l'intérêt des Français, ni dans celui des immigrés. Cette différence semble compréhensible à l'aune d'une démographie qui, dans le cas indien, s'articule avec des projets et des pôles de compétitivité d'ordre technologique et entrepreneurial, tendance qui n'est pas suffisamment marquée dans le cas des principaux pays africains d'où viennent les immigrés que nous accueillons en France, alors même que, comme l'a montré la révolte des paysans, notre pays a besoin de se recentrer sur sa propre productivité agricole et industrielle.

Dans ce contexte, l'écologie est utilisée comme prétexte par l'Union européenne pour imposer aux agriculteurs des pays membres un certain nombre de normes qui correspondraient, soi disant, à l'évolution des besoins des consommateurs. C'est un contresens, car un consommateur, par définition, ne peut souhaiter la mise en difficulté de l'activité de production dont il a besoin pour satisfaire le consumérisme qu'il plébiscite. D'où une évolution punitive des règlementations environnementales, les contraintes européennes qui pèsent sur l'agriculture française, comme sur celle d'autres pays au sein de l'Union, étant de nature à entraver le fonctionnement du secteur. Par exemple, les objectifs fixés par la réglementation sont en contradiction avec la réalité de la crise que connaît le marché du bio.

Il n'y a, par ailleurs, que deux catégories visibles de protagonistes qui montent au créneau pour s'en prendre à la production bovine, dans le but de réduire les gaz à effets de serre : les idéologues européistes déconnectés du terrain, et les collectifs écologistes menés par des activistes marginaux méconnaissant l'agriculture. S'il y avait une véritable volonté de consommer moins de viande chez la majorité des consommateurs, ou un quelconque souci lié à un prétendu réchauffement climatique dans l'opinion, ce ne serait pas le Rassemblement national (quelles que soient les critiques méritées par ce parti, y compris venant du camp nationaliste) qui serait crédité des meilleures intentions de vote. À l'appui de ce constat, les paysans dénoncent les contradictions entre le droit européen et le droit français.

La réalité de la consommation de viande en France plaide pour une augmentation, soit de 3 % en l'espace de dix ans (entre 2013 et 2023). Au moins 21 % des Français sont ouvertement climato-sceptiques, et la moitié des autres est indifférente à ce débat, chiffres certainement minimisés (puisque je ne fais pas partie des interrogés, ni vous non plus jusqu'à preuve du contraire). Quant aux agriculteurs pointant du doigt les contradictions règlementaires, ils marquent des points sur la question du glyphosate ou, à date plus récente, sur celle, précisément, de la production bovine au regard de la double volonté des législateurs de réduire celle-ci, tout en favorisant des prairies dont l'espace pourrait être utilisé à d'autres fins. C'est, selon toute évidence, à notre productivité nationale que les bureaucrates s'en prennent.

Pour en revenir au problème de la dette française, ce n'est pas seulement parce que nous dépensons de l'argent que le pays s'endette, argent que nous n'avons pas ou que nous avons de moins en moins, mais aussi, à la base, parce que nous ne sommes plus assez productifs, à notre échelle, de façon à couvrir nos dépenses par de la création de valeur. Pour résoudre le problème de la dette, il faut donc agir sur deux tableaux : en amont, favoriser la production agricole et industrielle nationale ; en aval, limiter l'État à ses fonctions régaliennes. Pour convaincre un électorat ouvrier, voire précaire, d'aller dans ce sens, il s'agit de valoriser le travail, en expliquant que les besoins en main d'œuvre favoriseront l'embauche, et que la réduction de la fiscalité amènera des salaires attractifs, y compris pour les agents d'exploitation.

Jean-Jacques Stormay, dans ses Réflexions sur le nationalisme s'inspirant du travail de Jacques Ploncard d'Assac (1910-2005), cite Adolf Hitler (1889-1945) : "La communauté nationale ne vit pas de la valeur fictive de l'argent, mais de la production réelle qui seule donne à l'argent sa valeur". Jacques Ploncard d'Assac, dans ses Doctrines du nationalisme, précise : "Hitler n'entendra pas que le relèvement des salaires puisse être indépendant d'une augmentation de la production", et cite lui aussi le Führer : "C'est-à-dire que le paysan ne peut recevoir, pour les produits de son sol, que ce que le citadin a lui-même acquis par son travail, et celui-ci n'obtiendra que ce que le paysan a conquis sur le sol, tous ne pouvant qu'échanger entre eux ce qu'ils ont produit, et l'argent ne pouvant jouer ici que le rôle d'intermédiaire".

Philippe Ploncard d'Assac, le fils de Jacques Ploncard d'Assac, dans Le nationalisme français, complète ainsi le propos : "Devant la crise financière provoquée par les montages spéculatifs artificiels de la haute finance apatride, l'État doit légiférer pour empêcher ce véritable racket des épargnants". Plus loin, il ajoute : "Il est totalement contre-nature de subventionner une structure supranationale, sous prétexte qu'elle reverse une partie de nos subsides à nos agriculteurs en leur imposant des règles de culture au bénéfice des trusts agroalimentaires, du type de la multinationale américaine Monsanto". L'actualité de ces textes est remarquable. C'est parce que leurs principes sont toujours valables, et que les procédés de l'ennemi qu'ils dénoncent n'ont, eux non plus, pas tellement changé sur le fond.

On peut ainsi remonter jusqu'à Édouard Drumont (1844-1917), auteur de La France juive : "Les procédés sont différents, le résultat est le même. On retrouve ce qui caractérise la conquête : tout un peuple travaillant pour un autre qui s'approprie, par un vaste système d'exploitation financière, le bénéfice du travail d'autrui". Voir aussi Charles Péguy (1873-1914), auteur de L'argent : "En d'autres termes ils ne pouvaient prévoir, ils ne pouvaient imaginer cette monstruosité du monde moderne, ils n'avaient point à concevoir ce monstre d'un Paris comme le Paris moderne où la population est coupée en deux classes si parfaitement séparées que jamais on n'avait vu tant d'argent rouler pour le plaisir, et l'argent se refuser à ce point au travail". Il n'est pas naturel, en effet, d'en arriver à un fossé qui, structurellement, sépare l'effort de la rémunération. Si nos agriculteurs sont bien placés pour en parler, ils ne sont malheureusement pas les seuls.

Enfin, citons Charles Gave, auteur de La vérité vous rendra libre, ouvrage paru en novembre 2023, et son bilan de l'euro, un élément-clé pour comprendre la situation dans laquelle nous nous trouvons : "Dans le fond, la création de l'euro a été un coup d'État organisé contre la Bundesbank par la diplomatie américaine, pour que les États-Unis puissent reprendre le contrôle monétaire et donc politique de la vieille Europe. Le but était non pas d'aider à créer une Europe autonome par rapport aux États-Unis, mais de détruire l'outil, le Deutsche Mark, géré par la Bundesbank de façon autonome, qui permettrait à l'Europe d'être effectivement indépendante des États-Unis. Et le pire est que ce coup d'État fut organisé avec la bénédiction et l'aide des autorités françaises, et en particulier de l'Inspection des finances".

Sans cette même aide des autorités françaises, on n'aurait pas assisté au démantèlement de nos appareils productifs. Que l'on parle de monnaie, de politique ou de ressources physiques, toutes les mesures administratives semblent avoir convergé vers un même but : l'affaiblissement de notre économie et, à travers celui-ci, l'affaiblissement de notre nation dans sa généralité. Pour garder l'exemple de l'agriculture, particulièrement saillant dans l'actualité de ces six derniers mois, rappelons que, en 2016 déjà, l'économiste Valérie Rabassa notait, en ces termes : "Il en résulte donc un fort pouvoir de marché aval au détriment de l’amont avec une capture de la rente très largement en faveur de l’aval, en particulier en faveur de la grande distribution. Ce phénomène est conjugué à une baisse constante des prix agricoles depuis 30 ans, à une hausse constante des charges, et donc à une baisse automatique des revenus agricoles et ce malgré l’apport financier des subventions agricoles européennes".

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : "Le secteur agricole génère actuellement 2,1 % du produit intérieur brut (PIB) français. Si cette part oscille depuis l’an 2000 entre 1,5 % et 2,3 %, elle a subi une diminution régulière depuis les années 1950. En 1949 – première année à partir de laquelle des statistiques produites par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) sont disponibles –, l’agriculture, la sylviculture et la pêche généraient une valeur ajoutée équivalant à 2,1 milliards d’euros, soit 18,1 % du PIB. Cette part n’a cessé ensuite de diminuer, passant de 12 % en 1960 à 7,5 % en 1970 et 4 % en 1980". Les autres sources accessibles ne peuvent que confirmer ce déclin : "En 2035, le nombre d'exploitations agricoles en France métropolitaine pourrait être inférieur de 30 % à celui d'aujourd'hui et s'établir en dessous de 275000".

Au vu du mécontentement persistant, on comprend mieux le scepticisme que suscite, pour le moins, le flou du projet, présenté par la Commission européenne, d'allègement des contraintes administratives et environnementales liées à la Politique agricole commune, qu'il s'agisse des conditions de la fin des jachères, ou de la question du revenu des agriculteurs. C'est, fondamentalement, parce que l'écologisme postmoderne des bureaucrates, nourri par la fiction climatologique dans laquelle ils évoluent, sera toujours en décalage avec les impératifs concrets du métier des gens qui, pour la travailler, connaissent bien la terre. De mon côté, je ne mets plus l'écologie en avant dans mon discours, depuis que j'ai compris l'escroquerie politique dont elle est l'objet à notre époque. La seule écologie qui vaille, c'est celle dont on ne parle pas, celle de l'ancien monde. Il n'y a pas de loi verte qui tienne, face au travail de nos paysans.