Fidèle à la méthode que j'ai adoptée, je laisse parfois passer plusieurs semaines voire davantage entre la date de mise en ligne d'une vidéo par les auteurs que je cite et, par ailleurs, la date de mes transcriptions et commentaires, ce qui me permet de contribuer à une prise de distance par rapport à l'un des défauts du public de notre époque, à savoir la tendance à traiter l'actualité politique comme un bien de consommation immédiat, avec une date de péremption supposée à court terme. Au contraire, la qualité des entretiens leur confère une actualité plus longue.

Outre le fait que j'ai moi-même besoin de prendre le temps de voir et de revoir plusieurs fois les vidéos pour bien m'en imprégner, ce qui suppose une organisation de mon temps libre qui intègre, au préalable, un temps de repos suffisant par rapport à mes activités professionnelles (j'ai toujours procédé ainsi car c'est, pour tout le monde, la seule façon de mener de front une activité riche sur les deux tableaux), le délai plus ou moins long s'explique aussi, selon le cas, par le caractère à propos d'une citation dans l'ordre des sujets traités.

Je m'explique : ayant parlé de l'entretien rivarolien d'octobre 2023, j'ai trouvé utile de revenir sur l'un des moments forts de l'activité estivale de Jérôme Bourbon en 2023, à savoir sa participation à l'émission d'Henry de Lesquen. Dans la continuité, j'aborde ici, à présent, l'émission du même Lesquen consacrée à un autre militant nationaliste français, Vincent Vauclin, autour du thème-question : "Faut-il interdire l'abaya ?" Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, ma réponse et celle d'autres commentateurs serait : on ferait mieux d'interdire l'immigration.

Cette position anti-immigrationniste se légitime en l'occurrence par la nécessité de remonter aux causes d'un problème afin de le résoudre, ce d'autant plus qu'une présence musulmane en France ne présente pas que des inconvénients : ses représentants sont des alliés potentiels contre les revendications des minorités de mœurs. Il faut simplement rééquilibrer notre population, et faire en sorte que ce qui relève aujourd'hui d'une présence massive des Maghrébins en France et de leur religion redevienne simplement une exception, un exotisme.

Revoyons à présent comment les deux protagonistes de l'émission ont traité ce thème-question. Pour rappel, Vincent Vauclin, né en 1989, a fondé en 2020 le Mouvement national démocrate (MND), issu de la Dissidence française qu'il avait lui-même également fondée et présidée. Tout d'abord, il est rappelé que l'interdiction de l'abaya, au moment où elle a été évoquée pour la première fois, ne reposait alors sur aucun texte de loi la nommant spécifiquement, mais sur les déclarations du ministre Gabriel Attal, se référant à la loi de 2004 relative à la laïcité.

C'est le 7 septembre 2023 que le Conseil d'État validait, pour la première fois, l'interdiction de l'abaya dans les établissements scolaires (la deuxième fois ayant eu lieu le 25/09/23). Pour Vauclin, le but du gouvernement était de créer une diversion sur le terrain identitaire dans le contexte d'une rentrée compliquée pour les Français, notamment à cause de l'inflation : il s'agissait de mobiliser la gauche sur des questions autres qu'économiques. De plus, Attal, en visant les collégiennes et lycéennes, ne s'attaquait pas aux éléments offensifs (émeutiers, dealers, etc.)

Lesquen, lui, se demande pourquoi on interdirait aux jeunes femmes le port d'une tenue pudique. Il s'agit donc, et les deux commentateurs se rejoignent sur cette analyse, que j'approuve également comme déjà dit plus haut, d'une posture par laquelle la Macronie évite de s'attaquer au dossier de l'immigration, qu'il faudrait stopper avant d'engager la remigration, pour que la France garde son identité culturelle. Le rôle d'un gouvernement, en outre, est-il de légiférer sur les tenues portées par des allogènes ? La problématique est bien résumée.

Concernant la liberté vestimentaire individuelle, Lesquen émet des réserves, dont la pudeur (sachant que cette dernière dépend des circonstances, notamment culturelles, mais que l'Occident est devenu décadent, trop permissif). Lesquen et Vauclin acceptent la volonté d'assimilation des immigrés quand cette volonté existe, à condition qu'elle ne concerne pas des contingents trop importants (comme c'est malheureusement le cas avec les personnes arabo-musulmanes), tout en continuant à préférer l'optique de la remigration déjà évoquée.

Au passage, Lesquen se montre critique à l'encontre d'Éric Zemmour, dont il remet en cause la sincérité quand ce dernier parle de son attachement à la France. Vauclin, lui, avait écrit une lettre ouverte à Zemmour (lettre restée sans réponse) pour souligner certains points de désaccord importants avec le programme du candidat de Reconquête (absence de prise de position de Zemmour contre ce que Vauclin appelle le "coup d'État covidique", alignement sur les positions de la superclasse mondiale de Davos, minimisation de la question du Frexit).

Lesquen et Vauclin semblent s'accorder sur le fait que Zemmour et Marion Maréchal s'engagent sur la voie d'une déception similaire à celle provoquée en Italie par Giorgia Meloni qui, au lieu de renvoyer chez eux manu militari les immigrés débarquant à Lampedusa, les fait transporter en bateau jusqu'à l'Italie continentale. Elle n'a donc, hélas, pas tenu tête à Ursula von der Leyen. Soumise au diktat européen, elle ne remet pas en cause la convention relative au droit d'asile, ni la convention des droits de l'homme empêchant la remigration.

Pour autant, ces points ne répondent pas à la question de savoir s'il faut souhaiter l'assimilation vestimentaire des allogènes, y compris hors de l'école. Ne faut-il pas au contraire, comme l'avait suggéré un auditeur en début d'émission, que les différences à ce niveau soient visibles afin que la fracture culturelle soit la plus nette possible ? Outre la pudeur, les autres réserves de Lesquen concernant la liberté vestimentaire sont la sécurité, l'hygiène et le règlement intérieur de l'établissement (scolaire en l'occurrence). Mais l'abaya reste une tenue pudique.

De plus, comme le fait observer Vauclin, ce type de débat n'est en fait, pour les pouvoirs publics, qu'un prétexte pour s'immiscer dans la vie privée des individus et accroître l'emprise du collectif : les responsables politiques se servent alors de l'immigration afin de contrôler les Français. Lesquen précise cependant que la vidéosurveillance est utile à la prévention des méfaits, et donc souhaitable en ce sens. Les deux commentateurs approuvent la légalisation d'un port d'arme civil strictement réglementé, comme l'explique le MND dans un de ses communiqués.

Cette légalisation, que j'appelle également de mes vœux depuis toujours, présenterait entre autres le double avantage de réduire les dépenses publiques en matière de sécurité (du fait de son effet dissuasif), ainsi que de responsabiliser davantage les Français dans leurs actes : si l'on estime que les Français sont suffisamment mûrs pour élire un président tous les cinq ans, on doit reconnaître qu'ils sont aussi suffisamment mûrs pour avoir le droit de disposer d'une arme et d'un permis de port d'arme afin de défendre eux-mêmes leur vie et celle de leurs proches.

Pour en revenir au sujet principal de la vidéo, Vauclin résume ainsi les arguments présentés : au lieu de forcer à l'assimilation culturelle des populations qui, de toute façon, ne sont pas les bienvenues sur le sol français, il serait plus judicieux de faire comprendre à ces populations qu'elles gagneraient davantage à rester dans leur pays d'origine. Lesquen ajoute que le capitalisme, avec l'entreprise privée, le droit de propriété et la liberté individuelle, est un modèle économique à la fois compatible avec le progrès technique et le respect des traditions.

Lesquen définit la république, au sens de l'idée de la république telle qu'il veut la défendre, comme le régime voué au bien commun. Sous cette appellation ainsi définie, il englobe l'ancienne monarchie française, la troisième république et la France de Vichy, considérant que Philippe Pétain faisait ce qu'il pouvait pour protéger le pays compte tenu des circonstances. D'où la vision œcuménique de Lesquen, qui intégrerait malheureusement la franc-maçonnerie. C'est pourquoi je préfère éviter le terme de république, et dire simplement : oui à la monarchie, ou oui à Vichy, afin que l'extrême droite ne soit pas atténuée par la droite, mais reste une famille politique à part entière.

Par contre, je rejoins totalement Lesquen et Vauclin sur leur dénonciation des lois antidiscriminatoires, qui sont un non-sens juridique, car sans discrimination il n'y a pas de nation. La discrimination, et c'est en cela qu'elle est légitime et souhaitable, c'est par définition la démarcation entre l'appartenance à une identité donnée et, par ailleurs, tout ce qui ne s'y rapporte pas : les langues sont discriminatoires, les cultures sont discriminatoires, les frontières sont discriminatoires. C'est donc pour réhabiliter la discrimination qu'il faut autoriser l'abaya.