Jérôme Bourbon est un homme courageux. Avec Florian Rouanet, il continue à suivre les déboires carcéraux de Vincent Reynouard qui ont commencé en France et se prolongent en Écosse, où l'intéressé devrait rester en prison au moins jusqu'en janvier 2024. Bourbon a lui-même des ennuis avec la justice et ne sait pas, à ce stade, combien de temps il restera en liberté. La cause, dans les deux cas, est à situer, selon leurs détracteurs, du côté du révisionnisme historique et, en général, d'infractions à la loi, dite Gayssot, du n° 90-615 du 13 juillet 1990.

En effet, rappelons que, suite à l'affaire de la profanation du cimetière juif de Carpentras dans la nuit du 8 au 9 mai 1990, cette loi, qui porte le nom de Jean-Claude Gayssot, ancien ministre communiste du temps du gouvernement de Lionel Jospin, condamne la contestation des crimes contre l'humanité, du fait de la nature généralement antiraciste et antidiscriminatoire du texte. Comment, dans ce cas, expliquer les problèmes de Reynouard en Écosse, où la loi française ne s'applique pas ? En fait, il s'agit pour la justice de déterminer s'il y a eu des crimes de haine.

Bourbon, Reynouard et d'autres (je pense, notamment, à Hervé Ryssen, dont l'emprisonnement passé, ainsi que les autres démêlés qu'il a eus avec la dix-septième chambre correctionnelle, sont imputables à la teneur, jugée antisémite, de certains de ses propos), ceux-là sont confrontés aux conséquences d'un des aspects les plus problématiques de l'extrême droite. S'il n'y a pas de changement de régime politique en France, ces aspects, liés à l'histoire ou à la discrimination, resteront problématiques. Il faut garder conscience du paradigme légal en vigueur.

C'est donc un combat particulièrement difficile que mène le directeur de publication du journal Rivarol, journal auquel je suis abonné depuis juin 2023. La récence de cet abonnement, de ma part, s'inscrit pourtant dans la continuité de positions plus anciennes, que l'on peut retrouver au fil de textes que j'ai publiés, notamment l'essai Last Falls, dont j'avais commencé la rédaction en 2005, alors que j'étais déjà hostile à la franc-maçonnerie, aux minorités de mœurs, à l'immigrationnisme, et d'ailleurs partisan, depuis toujours, de la peine de mort.

Au terme d'une longue réflexion, avant tout nourrie d'une expérience de terrain (puisque je me situe, de fait, sur le marché du travail avant tout, l'écriture n'étant qu'une activité que je pratique quand j'ai du temps libre, parallèlement aux métiers que j'exerce dans la gestion immobilière, le conseil en marketing et en management, et la sécurité), j'en suis venu à me revendiquer ouvertement d'extrême droite, ce à juste titre, car notre monde est fait de telle sorte que seule la référence à une famille politique existante peut encore faire contrepoids.

Or, même si je reste un acteur indépendant, et que j'ai mes propres idées, on peut dire objectivement, pour les raisons évoquées à l'instant, que la famille politique dont je suis le plus proche est l'extrême droite et que, in fine, j'appartiens même à cette famille politique, car en relation avec des intérêts que la conjonction entre le nationalisme, la préférence économique nationale et le conservatisme des habitudes de vie serait la mieux disposée à défendre, sans débat avec la gauche (d'où une différence fondamentale entre la droite et l'extrême droite).

Cependant, appartenir à l'extrême droite ne signifie pas être sur tous les fronts. Si je demeure réservé sur les questions raciales, ce n'est pas seulement pour des raisons légales et stratégiques. C'est aussi, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, parce que l'action dans mon intérêt, y compris via une famille politique, importe plus pour moi que la critique de l'altérité. Autrement dit, s'il y a une altérité que je peux être amené à critiquer préférentiellement, elle concerne des lobbies politiques (ce que sont, objectivement, les francs-maçons et les wokes).

Dans la référence ethnique, il y a une dimension qui dépasse les revendications politiques des uns ou des autres (qui au nom de la fraternité aberrante car sans lien de sang, qui au nom d'orientations intimes indûment érigées en prérogatives publiques et communautaires). L'ethnie, c'est le lien entre la nature, la famille et la civilisation. Sur des questions de nature (qui, dans l'évolution, deviennent d'ordre familial puis civilisationnel) préexistantes à la politique, je préfère valoriser mon identité que critiquer celle des autres.

C'est, d'ailleurs, à travers mon expérience commerciale (avant d'aborder les métiers de la sécurité) que j'ai appris à développer la valorisation de soi, des biens et des clients (de préférence, par exemple, au dénigrement de la concurrence). Même si l'on peut être volontiers critique sur le terrain politique, la priorité doit toujours revenir à l'image valorisante de soi, sur la base véridique de qualités qui correspondent réellement à ce que nous sommes, car la politique est aussi une manière de vendre, tout en faisant preuve de fermeté.

Je dois dire, à ce titre, que Rivarol est un journal qui donne une excellente image de soi : bien présenté, bien écrit, avec des articles de fond, où chaque sujet est développé, référencé. Bourbon, au sein de l'extrême droite, a une intelligence fédératrice, qui est un exemple au sein d'une famille politique connue pour ses divisions internes. Tout en étant sincère, il parvient à avoir des interlocuteurs aussi différents et irréconciliables que Philippe Ploncard d'Assac et, par ailleurs, Henry de Lesquen. L'intérêt de sa démarche dépasse la dimension polémique.

Du reste, en tant que commentateur attaché à l'extrême droite par conviction, le fait que je n'aborde jamais le versant négationniste ni même judéo-critique, dans mes propres analyses de l'actualité nationale ou internationale, ne signifie pas que je n'ai pas une conscience identitaire ni une fierté identitaire en tant qu'homme blanc hétérosexuel. C'est aussi parce que je suis fier d'être un homme, fier d'être blanc et fier d'être hétérosexuel que suis d'extrême droite, ce que la gauche ne comprendra jamais et que la droite comprend de moins en moins.

En effet, se dire qu'il n'y a pas là de quoi être fier, s'avère typique du positionnement des gauchistes, parce qu'ils ne font pas le lien entre l'identité et la fierté, dans la mesure où ils ne prennent pas en considération le fait que, même dans le cas d'un état de nature, il y a une relation profonde entre l'être et le temps qui suit conjointement et une factualité initiale, et une notion complexe d'intégration et d'effort réflexif légitimant, en définitive, la satisfaction de mériter, en évoluant, l'identité qui est la nôtre, définition, s'il en est, de la fierté identitaire.

Disons-le : la gauche est passée à côté de la pensée heideggérienne. Et si elle est passée à côté d'un tel monument philosophique, c'est notamment à cause du déni pathologique affectant cette famille politique dès ses fondements. Ce même mécanisme de déni entraîne, chez elle, le refus de l'évidence (comme le lien entre l'immigration et la criminalité, ou la puérilité inepte des revendications portées par les minorités de mœurs). Même Jacques Derrida (1930-2004) serait passé à côté ; ou alors, ceux qui se réclament de lui de façon simpliste.

Pour en revenir à Bourbon, dont le sédévacantisme catholique ne le prédisposerait pas, au premier plan, à des références heideggériennes, il émane de sa culture et de la finesse de son raisonnement une compréhension des différentes tendances de l'extrême droite qui va jusqu'à celles les plus éloignées de la sienne. Si quelqu'un, rétrospectivement, est capable, parmi les figures majeures de la dissidence française, d'avoir une intelligence de ce qu'a été le parcours de Dominique Venner (1935-2013), ce sera plus Bourbon que Ploncard d'Assac.

Cela n'enlève rien aux qualités de ce dernier par ailleurs, mais il y a chez Bourbon une appréciation globale de l'extrême droite qui rend la lecture de Rivarol particulièrement intéressante et attrayante, même si, tout en étant d'extrême droite, on n'est pas spécifiquement porté sur la question juive ni sur les débats historiques dangereux d'un point de vue pénal. Tout en soutenant Rivarol, on peut aussi, bien entendu, soutenir les Cercles Nationalistes Français qui éditent La Politique, ou soutenir, côté Lesquen, les émissions de Radio Athéna, et c'est ce que j'entreprends ici et là.

Toujours est-il, concernant Reynouard, que ce dernier risque d'être extradé de l'Écosse, d'abord aux motifs de trouble à l'ordre publique et de violation de la paix (le révisionnisme au sens strict ne tombant pas sous le coup de la loi au Royaume-Uni). Dans la même lignée, il est aussi question de l'interdiction des spectacles de l'humoriste Dieudonné, où l'on voit que l'action de Gérald Darmanin en ce sens reprend celle de Manuel Valls, mais en durcissant le trait puisque ladite interdiction s'est étendue à l'ensemble du territoire français.

Pourquoi, dès lors, les partisans du régime républicain se réclament-ils de la diversité ainsi que de la liberté d'opinion ? Parce que leur parti pris prétendument antitotalitaire, partiellement hérité des tribunaux de Nuremberg, les met dans une position (rejoignant en cela le déni caractéristique de la gauche, déjà évoqué) qui les empêche, en quelque sorte, de reconnaître leur propre totalitarisme, entendu comme la conséquence radicalement exclusive des postulats idéologiques et politiques au fondement de leur régime. Les faits parlent d'eux-mêmes.

C'est pourquoi, à ce titre, il y a plus de transparence dans un régime qui, ouvertement totalitaire, indique d'emblée quels sont ses tabous et ses interdits, au lieu de cultiver l'ambiguïté républicaine d'une soi disant liberté qui, pourtant inscrite dans sa devise, se voit contrariée, de facto, par des mesures officielles de nature à la remettre en question. De ce fait, l'application d'une logique d'extrême droite aurait l'avantage de la clarté, avec le bénéfice de soulager la collectivité des mécanismes névrotiques de l'incohérence et du déni, pour en sortir.

D'où, en ce sens, l'idée de sortie politique. Mes réflexions des deux paragraphes précédents rejoignent celles de Bourbon, qui se heurte à la conscience de vivre dans un pays à la fois marqué par la soi disant promotion du pluralisme, et une extrême droite de plus en plus censurée alors que, juridiquement, l'extrême droite en soi n'est pas un motif délictueux ni criminel. D'ailleurs, comment pourrait-elle l'être, puisque, non seulement l'extrême droite n'est pas nécessairement raciste, mais qu'en plus il existe une extrême droite juive et sioniste ?

Comme le dit Bourbon, la république française s'en prend aux gens qui défendent simplement leur Dieu, leur foi, leur religion, leurs aïeuls, leurs traditions, leur terre et leur pays. C'est pourquoi les partisans de la franc-maçonnerie et du wokisme se rendent complices des blasphèmes orduriers d'un certain journal (que je refuse de citer pour ne pas lui faire de la publicité, mais vous retrouverez son nom dans la vidéo), tout en s'offusquant du fait qu'un gynécologue ait refusé de recevoir une personne ayant changé de sexe après opération.

Bourbon a également raison d'ironiser sur la récurrence des étés chauds en politique française (en référence à : la loi, dite Pleven, n° 72-546 du 1 juillet 1972 relative à la lutte contre le racisme ; la loi Gayssot du 13 juillet 1990 ; la condamnation de Cassandre Fristot ayant brandi, le 7 août 2021, une pancarte jugée antisémite alors qu'elle défilait contre le passe sanitaire ; la dissolution de Civitas suite aux propos tenus par Pierre Hillard à la fin de sa conférence du 30 juillet 2023, dissolution demandée, entre autres, par le chef de LFI).

Jean-Luc Mélenchon le franc-maçon (loin de moi l'idée de lui faire de la publicité, mais si je dois le citer de nouveau, je le nommerai toujours ainsi : Jean-Luc Mélenchon le franc-maçon, car c'est ce qu'il est nominativement, ouvertement et publiquement) essayait, par ce moyen, d'écarter les soupçons d'antisémitisme à son sujet. Pour résumer ce qu'est LFI, et l'urgence à contrer ce parti, je dirais simplement que, si Emmanuel Macron est pro-maçonnique, wokiste et immigrationniste, les LFI lui reprochent de ne pas l'être assez. Cela veut tout dire.

Dans l'esprit de la circulaire envoyée aux préfets par Gérald Darmanin le 10 mai 2023 : l'Institut Iliade a été contraint d'annuler l'hommage à Dominique Venner qu'il voulait rendre le 21 mai 2023 ; l'hommage à Pierre Sidos (1927-2020) qu'Yvan Benedetti et les Nationalistes voulaient rendre au cimetière de Thiais (Val-de-Marne) le 2 septembre 2023 a été interdit par la préfecture de Paris ; côté américain, Elon Musk annonçait, le 4 septembre 2023, vouloir porter plainte contre l'Anti Defamation League l'accusant de ne pas modérer assez l'antisémitisme sur Twitter X.

Ce qui est frappant, de façon concomitante avec une surenchère dans la persécution sur les questions d'opinion, c'est l'absence de résistance face à la déliquescence des mœurs. Souvenons-nous que les défilés, massifs au début, contre le mariage pour tous, ont fait place au vide, et pas un maire ne s'est opposé à ce type d'union. Bourbon l'explique à la fois par la culture du zapping, incitant le public à passer rapidement d'une nouvelle à l'autre et à oublier la précédente, et par une absence de conviction forte au sein de la population en général.

Il est évident que l'immigrationnisme et le wokisme (dont le pape François se fait complice) vont dans le sens d'un affaiblissement civilisationnel global. Dans ce contexte de passivité relative, on peut voir, avec le recul, l'épisode des mesures sanitaires contre le Covid-19 comme un ballon d'essai pour des mesures plus contraignantes encore qui risquent de se généraliser. C'est ce qu'annonce, entre autres, la perspective de la monnaie numérique, dont le but inavoué serait de déposséder le tout venant de la maîtrise matérielle de ses économies.

Bourbon rappelle alors que le nationalisme est de défense des peuples et de leur identité. Il invite à tenir par le ressourcement permanent : la lecture, les contacts authentiques et, pour les croyants, la prière et la méditation. Relisons les pages de l'histoire de France, celle des saints, des héros, des martyrs, des laboureurs, des soldats qui ont fait notre pays, et dont l'exemple peut encore éclairer notre intelligence. Car la république française actuelle est un régime en lutte contre son propre peuple. Ni Marine Le Pen, ni Éric Zemmour ne sont épargnés.