Quand le gouvernement britannique nationalise une ligne de train dans le nord de l'Angleterre, on peut y voir de prime abord une forme de socialisme (d'autant plus que ce pays en a inventé une), mais c'est en fait l'État qui prend en charge une activité jugée non rentable et pourtant nécessaire (pour des raisons que l'on ne connaît pas forcément, comme par exemple une préférence accordée au train plutôt qu'à la consommation d'essence importée). En France, l'État prend en charge la moitié du ticket de métro (qui est à 2 euros au lieu de 4 en 2023).

Certains coûts supportés par l'État ne le seraient pas par le secteur privé. Dans le privé, on n'aurait pas besoin de subventionner les tickets, car c'est le public qui crée plus d'emplois que nécessaire dans une activité donnée, ce qui correspond à un accroissement du PIB en ce sens. Alors que c'est payé par la dette, les usagers ont l'impression d'avoir contribué à la mise en place d'un service qui fonctionne. Toujours est-il que les conservateurs anglais en 2023 sont paradoxalement perçus comme assez socialistes, ce qui n'était pas le cas jusqu'à Boris Johnson.

Depuis le Covid-19, le poids de l'État dans le PIB britannique a explosé comme jamais. On se retrouve alors avec les conservateurs que l'on avait avant les années 1970 et Margaret Thatcher. Il semblerait que les conservateurs envisagent de nouveau l'État comme une solution. Si les travaillistes continuent à le penser aussi, la classe politique britannique devient dominée par cette idée, prenant ainsi le chemin de la France, ce qui est fortement déconseillé. Si quelqu'un veut faire baisser le poids de l'État en Grande-Bretagne, il n'a plus personne pour qui voter.

Nigel Farage était à l'origine du Brexit. Pour la première fois, la zone rouge de l'Angleterre se tournait vers le vote conservateur car, outre le fait que les travaillistes s'engageaient sur la voie d'une extrême gauche antisémite, cette partie de l'électorat (le nord industriel) était favorable au Brexit. Farage va-t-il alors lancer un nouveau parti, et y aura-t-il des élections à trois ? Quand une situation similaire s'était produite au Canada, le parti conservateur avait quasiment disparu. Cela peut se produire aussi à l'issue des élections en Grande-Bretagne.

Pour rappel, le système électoral en Angleterre fait que l'on a simplement besoin d'être le premier par circonscription, en un seul tour. Il suffit d'avoir environ plus de 35 % partout dans le pays pour effacer un adversaire politique. Mettons qu'il y ait un premier parti à 30 %, un deuxième à 30 % et un troisième à 35 %, le troisième parti aura, au final, 100 % des voix. Les autres ne gagnent que des circonscriptions. Il n'est pas impossible que Farage, mécontent, fasse un retour en politique, même s'il s'était retiré après avoir obtenu le Brexit.

Remarquons, au passage, qu'avoir un premier ministre d'origine indienne et un maire londonien d'origine pakistanaise ne semble poser aucun problème aux Anglais. Passons au sujet suivant : le défaut de paiement aux États-Unis. Est-ce une réalité ? Pour comprendre le problème, il faut revenir à l'époque où, sous Bill Clinton, les conservateurs avaient fait passer un amendement pour réduire le poids de l'État, en voulant limiter celui de la dette (le plafond, en 2023, étant de 31400 milliards de dollars). Mais les gouvernements en profitent.

D'où, à terme, une crise récurrente aux États-Unis, chaque gouvernement au pouvoir se dépêchant d'atteindre le plafond pour faire passer ses dépenses avant celles des autres. Avec les démocrates, il faut savoir que, en cas de coupe budgétaire, ce ne sont jamais les services administratifs qui sont visés mais, par exemple, les pompiers, ce qui est évidemment aberrant. Si le plafond de la dette augmente, l'équilibre relatif ne peut se faire qu'au détriment de dépenses particulièrement inutiles, et les deux camps adverses s'arrangent entre eux.

Cependant, la dette est devenue tellement importante aux États-Unis, ainsi que la hausse de la masse monétaire destinée à financer cette dette que personne n'aurait achetée dans le cas contraire, que l'on en vient à souhaiter une crise telle que les républicains refuseraient d'augmenter de nouveau le plafond de la dette, et que les démocrates seraient obligés de couper les dépenses de l'État inutiles. Personne ne croit qu'il y ait un défaut de paiement aux États-Unis, alors qu'en France, Emmanuel Macron sort deux milliards d'euros pour l'Ukraine.

Pourtant, la situation budgétaire française est critique : on continue à s'endetter malgré notre déficit public record et la plus grosse dette d'Europe, ce qui a des répercussions à tous les niveaux, dont notre système éducatif (puisque, en l'espace de quinze ans, on est passé de cinquièmes ou sixièmes, dans le classement PISA, à vingt-quatrièmes). On envoie de l'argent par-dessus les toits à des étrangers, sachant que cet argent va être en majeure partie absorbé par la corruption, et la population française se retrouve démunie malgré ses besoins.

La base d'une démocratie saine, c'est le contrôle de la dépense et des impôts. Pour en revenir aux États-Unis, même s'il n'y avait pas d'accord et qu'il fallait opérer des coupes, ce serait, en définitive, une excellente nouvelle pour ce pays, car on ne meurt pas en arrêtant une hémorragie. En ce sens, une crise peut avoir des effets incitatifs. Joe Biden est aussi dépensier qu'Emmanuel Macron, avec la taille américaine en plus : plus de 100 milliards d'armement ont été envoyés des États-Unis à l'Ukraine depuis le début de cette guerre.

C'est supérieur au budget annuel de la défense russe. Dans le même temps, l'Ukraine et l'OTAN sont, semble-t-il, en train de perdre cette guerre. En débitant les États-Unis et en créditant l'Ukraine, on agit au détriment des contribuables américains et au profit des actionnaires des sociétés d'armement (payées par l'Ukraine). C'est un cas parfait d'achat d'armement par les hommes politiques à leur profit, pendant que le niveau de vie des Américains, dans l'ensemble, ne cesse de se dégrader (voir le complexe militaro-industriel selon Dwight Eisenhower).

La situation de la France, de son côté, va-t-elle rejoindre celle d'un pays comme le Venezuela ? En 1945, ce dernier avait le deuxième meilleur niveau de vie au monde, juste derrière les États-Unis. Les Vénézuéliens étaient considérés comme les nouveaux riches de l'Amérique latine. C'est toujours leur pays qui a les plus grosses réserves d'hydrocarbures au monde, sous forme de schistes bitumineux (ce qui est plus coûteux à exploiter que du pétrole à proprement parler, mais les réserves sont, en l'occurrence, gigantesques).

Le prix du pétrole vénézuélien est passé, en l'espace des quarante dernières années, de 10 dollars le baril à 80 dollars le baril. Il était donc difficile de ruiner le Venezuela. Celui qui y est arrivé a pourtant parfaitement réussi. Une partie importante des richesses du Venezuela venant de ses hydrocarbures, il serait plus exact de comparer la France à l'Argentine (alors troisième meilleur niveau de vie au monde), qui a connu une évolution hélas similaire à celle du Venezuela (notamment à cause des syndicats), mais avec les richesses du sol en moins.

Il est remarquable qu'en France la classe politique se déchire pour des questions sans aucun intérêt (les retraites), tout en passant à côté de l'essentiel : le droit de propriété privée. Si vous employez un Français et que vous le payez 100, il vous coûte 200, il touche 70 et n'aura plus que 40 une fois ses impôts payés. Comment voulez-vous qu'un pays fonctionne dans ces conditions ? Cet argent est pris à des travailleurs pour être donné à d'autres personnes qui ne travaillent pas. D'où les transferts sociaux, et les fraudes (73 milliards d'euros).

De plus, il n'y a aucune enquête sur ces fraudes. Alors oui, le SMIC est trop bas en France, mais toujours trop haut pour celui qui le finance. Le SMIC français est plus haut que le SMIC allemand, mais le salaire allemand est plus haut que le salaire français. Il n'y a rien de plus bête que de taxer les travailleurs sur le produit de leur travail, du fait d'un écart trop important entre le brut et le net, qui entraîne une situation de blocage. La marge brute d'autofinancement des entreprises en France est la moitié de ce qu'elle est dans les autres pays européens.

Si vous voulez créer une usine en Europe, la France est le dernier pays où le faire, d'autant plus que, si cela se produit, l'usine en question va être subventionnée, donc bénéficier d'aides publiques coûteuses pour les entreprises et pour l'économie française. Il serait plus simple de ne pas pénaliser l'initiative au départ. Toutes les mesures politiques prises en France depuis 40 ans ont eu pour but de détruire l'industrie française, l'accélération désastreuse du processus étant due aux Lionel Jospin, Nicolas Sarkozy, Jacques Delors, Jean-Claude Trichet, etc.

Concernant la criminalité, prenons le cas du Salvador, précédemment connu pour sa corruption, son narcotrafic et ses 2400 meurtres par an. Puis, en 2019, arrive Nayib Bukele, libéral en économie et conservateur en matière de mœurs, auteur d'une politique extrêmement dure contre les cartels, notamment via une loi d'exception permettant d'enfermer un criminel sans avoir de mandat d'arrestation. C'est, certes, un système arbitraire, mais qui a neutralisé soixante-trois mille membres présumés de gangs, d'où un effondrement de la criminalité.

En 2021, déjà, il y avait deux fois moins de meurtres au Salvador qu'en 2019. Au cours du mois de janvier 2023, il n'y a eu que 11 homicides, ce qui en a fait le mois le plus sûr du pays depuis 201 ans. Bukele est devenu tellement populaire dans son pays que la cour constitutionnelle du Salvador a fait exactement l'inverse de ce qu'elle ferait en France : en principe, au Salvador, on ne peut briguer un second mandat, mais là, Bukele a la possibilité de se représenter en 2024 (à condition de démissionner avant la fin de son mandat).

Ce qu'il faut en retenir, c'est que les pays occidentaux se trompent depuis longtemps en considérant la criminalité comme une fatalité. La prison a trois fonctions : protéger le reste de la population contre les criminels, réhabiliter ces derniers, et punir. En face, il y a des penseurs hors-sol dont les théories, appliquées à la politique et à l'économie, mènent les pays concernés de désastre en désastre, surtout depuis une cinquantaine d'années. La gauche a trahi le peuple en voulant aider et en aidant les criminels. L'exemple de Bukele est donc encourageant.

Il faut savoir aussi que, selon le droit français actuel, on n'est plus considéré comme récidiviste après cinq ans, ce qui fausse les données. D'autres pays, comme par exemple la Colombie, sont en train de s'inspirer de l'exemple du Salvador. Autre projet étonnant : Bukele veut faire une ville où tout serait payé en bitcoins. Voir aussi la manière dont Hong Kong traitait la criminalité : il y avait un arrangement entre la police et les réseaux criminels pour limiter l'économie parallèle au jeu et à la prostitution, et assurer la sécurité des Occidentaux.

C'est évidemment contestable, mais même un tel système tend à montrer à quel point la France actuelle, en comparaison, ne fait rien pour lutter contre le crime. Le principe de base qui explique la criminalité dans un pays est celui du rapport bénéfice-risque : si l'on veut décourager le crime, il ne faut pas qu'il soit rentable, et Bukele semble avoir compris ce principe et l'avoir mis en pratique. Si le nombre d'homicides a baissé, le nombre de vols commis reste important au Salvador : il y a encore du chemin pour y développer l'attractivité.