Concernant le dollar et plus généralement, il y a une façon de considérer la monnaie : d'un côté, le système économique se base sur la production de biens destinés à être échangés, système capitaliste fonctionnant selon la rentabilité marginale du capital investi (sauf si l'État intervient), auquel s'ajoute, d'un autre côté, un système d'exploitation : la monnaie (réserve de valeur, moyen d'échange, étalon de valeur).

Pendant un certain nombre d'années, le système d'exploitation du commerce international, en particulier sur le pétrole, c'était le dollar. Pour acheter du pétrole, on avait besoin du dollar. Quand la Corée commerçait avec Taïwan, les transactions se faisaient avec des dollars. Le dollar était le système d'exploitation du commerce international. Depuis une vingtaine d'années, les États-Unis sont en économie de guerre.

Le dollar, instrument économique, a été transformé en instrument de puissance. Le dollar n'est plus vraiment une réserve de valeur, du fait d'une inflation supérieure aux taux d'intérêt. Le dollar reste un moyen d'échange pour l'instant. Mais, avoir un étalon de valeur dans un système où il y a une inflation de 6 ou 7 %, est-ce intéressant ? Le moyen d'échange, en outre, peut être arrêté (comme en 2008).

Du fait de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, les Américains ont récupéré les réserves de dollars qui étaient en Russie (d'où un mauvais impact sur l'opinion), d'autant plus que, dans le cas d'un pays interdisant le moyen de paiement international qui est SWIFT, il n'y a plus de recours possible. Ce qui était vrai des avantages du dollar à une époque ne l'est plus aujourd'hui : il faut un autre système d'exploitation.

Cependant, installer un système d'exploitation prend du temps : il faut de la confiance et des réserves de change. Des pays comme le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine (les BRICS) réfléchissent sur la transition (comme on passerait, pour faire image, de Microsoft à Apple). Encore faut-il inventer le nouveau système d'exploitation. Les informations sur le commerce international s'appuyaient sur le dollar et sur le SWIFT.

Que se passera-t-il quand il y aura deux ou trois systèmes d'exploitation ? Mettons que la Russie et la Chine fassent du commerce avec leurs monnaies respectives ; les occidentaux n'auront accès aux informations en rapport que si ces deux pays acceptent de les partager. C'est là que se pose le problème de la confiance que nous pouvons avoir dans les chiffres communiqués. On entre dans un monde plus opaque.

En même temps, le monde devient moins fragile. Il y aura des roues de secours. Le dollar va rester l'équivalent des quatre roues de la voiture, mais tout le monde aura une rechange dans le coffre. On est en train d'assister à un changement de paradigme, qui aura des conséquences importantes, autour du développement de l'Inde et de l'ouest de l'Asie. Le dollar contraignait les exportateurs de pétrole.

Pour les pays concernés, ce changement aura une importance comparable à celle du passage du boulier à l'ordinateur. Il y aura des mécanismes de réajustement, de grands gagnants et de grands perdants. Dans ce contexte (où l'Inde, on l'a vu, est particulièrement bien placée), l'avenir, pour l'instant, ne s'annonce pas brillant pour les pays d'Europe en général ni, plus spécifiquement, pour la France.

Comment se porte l'immobilier en France ? Pourquoi a-t-on des raisons de penser que ce n'est plus un investissement intéressant ? En des termes techniques, l'immobilier est un actif à duration très longue. Le flip immobilier américain (opérations rapides d'achat, de home staging et de revente) repose sur l'emprunt, ce qui implique un levier, d'où une fragilité en cas de ralentissement du marché (voir la crise de 2008).

Quel est le revenu disponible du futur acquéreur ? Et quel est le coût de l'argent pour les actifs à duration très longue ? Si les taux d'intérêt montent, la valeur de l'obligation baisse. Rien ne semble indiquer, pour l'instant, que le revenu moyen en France va monter. C'est même le contraire qui s'annonce, car on ne va plus nous prêter de l'argent pour vivre au-dessus de nos moyens. Et les taux d'intérêt montent.

Si le revenu moyen baisse et que les taux montent, en général ce n'est pas bon pour l'immobilier, d'autant plus que le prix des biens est élevé, surtout en ville, même par rapport au prix de la monnaie : un ratio entre la valeur d'une obligation à quinze ans et le cours du mètre carré à Paris montre que, en 2023, on est à un niveau qu'on n'avait plus atteint depuis la bulle des années 1990. Il vaut mieux louer.

Quel serait le système fiscal idéal, en supposant qu'il existe ? Serait-ce une taxation où l'État prend tout en une fois tous les cinquante ans, ce qui reviendrait à un taux de 2 % par an ? Tous les spécialistes du fisc disent qu'un système fiscal doit être simple et juste, dans un monde idéal. Or, la France aujourd'hui a le nombre record d'impôts (autour de 470). Voir le livre de Philippe Nemo, Philosophie de l'impôt.

En France, on s'en tenait aux fonctions régaliennes de l'État (armée, police, justice, diplomatie) jusqu'en 1945. Ensuite, les politiques ont voulu faire dans l'éducation et dans la solidarité, comme en Suède et à Minneapolis (où vivent de nombreux Suédois). Puis, au tournant des années 2000, il a été décidé que l'impôt deviendrait un instrument de justice à l'échelle collective, ce qui est aberrant car punitif des riches.

Une parenthèse sur la bourse suédoise : à long terme, elle a la meilleure rentabilité au monde, ce qui est paradoxal pour un pays dont on pensait qu'il était socialiste, bien qu'il ait toujours laissé le marché et les entreprises (Ikea, Volvo, les hautes technologies) fonctionner, à l'instar de la Suisse. Le classement des libertés et le Coefficient de Gini confirment et la rentabilité et l'égalité des pays d'Europe du Nord.

Le même croisement montre que les États-Unis et l'Angleterre sont à la fois riches et inégaux, avec une plus forte volatilité de leurs bonnes performances, et que les pays du sud de l'Europe tendent à la fois vers la pauvreté et vers l'inégalité. Mettre des taux de change fixes entre ces trois groupes n'est donc pas une bonne idée. Le couple rendement-risque est toujours intéressant dans les pays d'Europe du Nord.

Cependant, la politique immigrationniste de la Suède, plus récente, ne va-t-elle pas impacter cet équilibre ? Si, par ailleurs, la couronne suédoise sous-performe, c'est parce que, compte tenu de l'émergence de l'ouest asiatique, la Suède essaye de se positionner là où elle est encore compétitive (donc au niveau des actions de préférence aux devises). Par contre, on peut acheter des obligations norvégiennes.

Certaines fortunes suédoises figurent parmi les plus grandes fortunes du monde. La Suède a généré des entreprises extrêmement puissantes à l'international. Tous les pays nordiques savent collaborer. Cette qualité, chez eux, vient du fait que leurs peuples ont dû apprendre à s'unir pour survivre contre le froid. Les Suédois, qui ont compris le capitalisme, n'imposent pas pour punir les riches.

L'impôt ne doit pas avoir une vocation punitive, car le fait de gagner de l'argent n'est pas une activité répréhensible. Ce qui marche assez bien, c'est le système de flat tax (consistant à payer, en une seule fois, entre 20 et 30 % de ses revenus). Dans la France actuelle, les spécialistes de l'optimisation fiscale tendent à devenir inutiles. Avec un système de flat tax, les contribuables sont moins tentés de frauder.

Une autre forme d'impôt qui était possible à Hong Kong, également intelligente bien que supposant une révolution profonde dans les mentalités, consiste à faire la différence entre l'argent gagné en prenant des risques et l'argent gagné sans prendre de risques, soit la différence entre créer une entreprise et vendre un terrain. Du fait du système colonial britannique, Hong Kong possédait tout le sol.

Hong Kong vendait sur son sol des baux emphytéotiques à près de cent ans. La terre, avec le développement de Hong Kong, prenait de la valeur. Quand le bail arrivait à échéance, il y avait des enchères. Les développeurs immobiliers achetaient la terre. Une grosse partie des impôts était payée par les revenus de cette vente de terrains, de nouveau loués pour une longue durée, les baux adjugés aux enchères.

L'État français n'a pas fait de calcul comparable. Une grosse partie de la richesse en France vient des familles fortunées, d'une part, et, d'autre part, de l'époque de Napoléon III, où il y a eu l'urbanisation : des terrains agricoles devenaient des terrains à bâtir. C'est l'exemple parfait de l'enrichissement sans cause. Il y a la nue-propriété et l'usufruit. On aurait dû ne pas taxer la construction créant de la valeur.

On aurait pu, en revanche, taxer la nue-propriété. Comme le disait un économiste américain du dix-neuvième siècle, il ne faut pas taxer ce qui crée de la valeur en soi, mais taxer ce qui crée de la valeur parce que, par exemple, on y a construit une gare. Autre exemple d'enrichissement sans cause : avoir acheté un chalet à Méribel, pour le revendre après le développement des infrastructures olympiques.

Il devient difficile en ce moment d'obtenir des prêts bancaires, car les banques sont dans un état d'illiquidité, elles-mêmes empêchées par les mauvais placements qu'elles ont faits. Cette tendance à la baisse des liquidités bancaires est confirmée par toutes les statistiques américaines. Si possible aujourd'hui, il faut, tout en gardant ses crédits en cours, acheter des obligations chinoises ou singapouriennes.

Avec l'inflation de la masse monétaire et la hausse généralisée des prix, les actions ne risquent-elles pas de subir une faible hausse comme en 1940, et donc de devenir une couverture contre les erreurs du gouvernement français et de l'Europe ? Revenons à l'économie et à son système d'exploitation. Une partie des actions représente le soubassement de l'économie. Tous les contrats sont dans le système monétaire.

En cas de doute sur la monnaie, on retombe sur les parts de propriété. Le dollar étant en train d'imploser, le nouveau système d'exploitation étant en train de se mettre en place, ceux qui sont dans le vieux système monétaire ne vont-ils pas essayer de liquider tous leurs contrats et obligations pour se mettre dans des actions ? Dans ce cas-là, la hausse des taux serait très forte, accompagnée d'une hausse des actions.

C'est ce qui se passe en période d'hyperinflation. Pour l'instant, on a toujours vécu dans des périodes où l'inflation évoluait entre 2 et 10. Si tout d'un coup l'inflation passe à 15, 20, 30, 40, alors la seule protection prend la forme des actions. Le signal actuel est donc peut-être assez grave. L'irrationalité ambiante incite à aller vers la propriété plutôt que vers les contrats, d'où l'idée d'acheter des actions Air Liquide.

L'IA peut-elle surpasser les meilleurs traders, et qu'est-ce que cela impliquerait pour la finance, les banques et l'économie en général ? L'IA, pour l'instant, est surtout performante dans des systèmes fermés (exemple : le jeu d'échecs), puisque se basant sur une mémoire exhaustive des décisions prises dans des circonstances similaires. Dans un système ouvert, les traders vont agir en priorité contre l'IA.

Prenons l'exemple du krach de 1987. Certains avaient une idée brillante : avec le marché du futur d'un côté et le marché au comptant de l'autre, si le marché au comptant baissait de 10 %, il s'agissait de vendre le futur pour nous protéger contre des baisses ultérieures. En compensation, cela fonctionnait. Mais le futur baissait plus que prévu, en partie à cause des assurances, d'où une fermeture des marchés.

C'est un exemple de système ouvert, plus imprévisible, par définition, qu'un système fermé. La seule solution consiste alors à débrancher les ordinateurs. Pendant que l'intelligence artificielle occupe les débats, personne ne comprend l'intelligence naturelle. En ce sens, le cerveau n'a encore été modélisé par personne. On ne peut donc, à ce stade, avoir de certitude sur la comparaison entre les deux intelligences.

Les modèles ne peuvent se substituer à l'observation de la réalité. C'est l'une des principales erreurs que commettent les tenants de la thèse du réchauffement climatique et les partisans de la taxe carbone, car ils se basent essentiellement sur des modèles, qui plus est contestés par des spécialistes au plus haut niveau, ne serait-ce que parce que le CO2 est nécessaire aux plantes et à notre développement.

Le but de ces manœuvres est de déclencher des réactions paniques au sein de la population, pour essayer d'instituer un gouvernement mondial, d'où par exemple la situation absurde de l'OMS, qui prétend pouvoir décréter qu'il y a une épidémie en France : logiquement, c'est au gouvernement français de le savoir avant l'OMS. Aux États-Unis, les compagnies refusent les assurances décès aux vaccinés du Covid-19.