Le souverainisme, charnière ou tentative de charnière entre la droite républicaine et la droite nationaliste, ne sert à rien. Historiquement situés entre deux familles politiques antagonistes, les Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau et autres Éric Zemmour sont aux années 2010 et 2020 ce que Charles Pasqua était aux décennies précédentes. Faute de défendre une ligne claire, ils enlèvent des voix à l'extrême droite et servent la gauche, dont la devise républicaine est aussi la leur.

Seul Philippe de Villiers, en son temps, avait fini par prendre conscience, certes tardivement, du caractère contreproductif d'une multiplication de candidats aux idées proches, préférant se retirer. Les querelles égoïstes n'ont de portée, en termes de stratégie, que pour les adversaires de ceux qui, au lieu de s'allier objectivement, entraînent de fait une dispersion des voix et des énergies. C'est ainsi, hélas, que la fraternité républicaine s'insinue partout et maintient l'immobilisme ambiant.

Le souverainisme est également à la droite ce que le centrisme est aux familles politiques en général, à cette différence près : un centriste comme Emmanuel Macron s'est imposé à cause du discrédit affectant les socialistes et les gaullistes, à juste titre accusés de ne pas se différencier suffisamment les uns des autres. Le Rassemblement National, lui, ne pourra de nouveau se radicaliser que s'il arrive au pouvoir, influencé, comme les autres, par le mécanisme de l'offre et de la demande.

Le retour à la radicalité de l'extrême droite en France, dans une optique présidentiable, a donc besoin d'au moins deux conditions : premièrement, que l'électorat souverainiste comprenne qu'il faut faire un choix, et que la disruption décisive se situe dans le camp nationaliste ; deuxièmement, que les électeurs français expriment leur volonté d'en finir avec la franc-maçonnerie, le lobby LGBT ainsi que l'immigration qui nous est imposée, plébiscitant, au contraire, l'équivalent d'un Vladimir Poutine.